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Publié par Librairie Et Cætera 33830 Belin-Béliet

Dans ma série "bye bye" après bye bye amazon et bye bye eBay, voici bye bye Meta.

Depuis des années je navigue sur facebook, un peu par dépit, pas mal avec mauvaise conscience, beaucoup avec ennui, et si souvent avec consternation. Et malgré tous ces inconvénients, jusqu'à il y a quelques jours, je restais là et j'y passais beaucoup trop de temps...

A l'origine, j'ai ouvert un compte pour suivre des artistes, des médias et des assos dont je voulais connaître l'actualité et qui ne la publiaient plus ailleurs (oui, c'est sûr, je n'étais pas obligée de suivre). Alors certes, je l'ai trouvé cette actualité dont j'avais besoin, mais entourée de tellement de propositions néfastes et de tons haineux que j'en ai bien souvent eu la nausée.

Cette question revenait quasiment à chacune de mes visites

Mais qu'est ce que je fous là ?

J'ai publié parfois, pour relayer des infos militantes ou culturelles,  pour annoncer les concerts à la librairie ou diffuser quelques infos sur le monde du livre mais je n'étais pas motivée. Quand on publie rarement, quasi personne ne voit ce qu'on publie, alors quel intérêt ? Cétait juste frustrant.

Une seule fois, j'ai fait un genre de buzz, mais je m'en serai bien passée ; un journaliste d'Actualitté avait partagé un article de mon blog. Bilan, je me suis fait engueuler par des gens sortis de je ne sais où parce que je disais du mal d'Amazon, c'est pas un super souvenir. J'ai rarement participé aux polémiques en ligne, sauf avec notre collectif local, Touche pas à ma zone humide (contre l'implantation d'un entrepôt logistique XXL), là, nous avons subi les foudres de nos voisins (anonymes) par l'intermédiaire de ce réseau. Peu de gens ont répondu à nos invitations à des débats en "présentiel", mais beaucoup ont choisi de nous insulter à distance en tapant sur leur clavier.

Depuis peu, j'avais aussi un compte instagram créé par une stagiaire qui prétendait (et c'est sans doute vrai) que FB "c'était pour les vieux". J'y ai croisé des publications intéressantes mais aussi tellement de contenu non sollicité. Je n'y ai rien publié, c'était trop complexe pour moi.

Par chance je n'ai pas Whatsapp, j'ai échappé à ce piège car je n'ai pas de smartphone. (De ce côté, il n'y aura rien de changé, je continuerai à être exclue de toute une partie des échanges associatifs :-( )

Me voilà tout de même à la tête de 2 comptes perso et de 5 ou 6 comptes (pro et asso) hébergés chez Meta. Ça en fait un tas de trucs à déménager, mais j'ai fait bien pire comme déménagement. (Vous vous souvenez les copaines, les 800 cartons après l'inondation ?).

Pour les assos, il va falloir réfléchir collectivement à la pertinence de leur présence sur ces réseaux nocif. quel est l'impact réel des publications ? Pour ma part, je suis pour quitter, la dissonance cognitive est un poil trop lourde pour moi quand il s'agit de tenter de défendre le féminisme, les réfugiés ou une zone humide en faisant tourner le commerce d'un masculiniste climatosceptique et fascisant.

En tout cas, moi, en ce début d'année 2025, je ne pourrai plus me regarder dans une glace si je continue à alimenter cette machine à faire élire l'extrême droite.  (je rajoute cet article de Courrier International, s'il était besoin d'enfoncer le clou)

Allez, bye bye Mark ! Je te largue bel et bien. Je n'ai pas hésité une seconde à boycotter le bar/tabac  quand le patron était ouvertement FN,  je ne vais pas continuer à te filer du pognon, mon temps et mon cerveau à lessiver, jusqu'à ce que mort s'en suive. Ta masculinité et tes algorithmes à la noix ne me manqueront pas.

Comme je me suis toujours sentie mal à l'aise dans ces espaces, ce choix n'est pas douloureux, je suis ravie de ne plus m'infliger de fréquenter cet environnement.

Partir mais pour aller où ?

Il y a quelques années, j'avais déjà tenté de rejoindre une instance (framapiaf, je crois) mais je m'y étais perdue et j'avais renoncé. Je regrette de ne pas avoir appelé à l'aide à l'époque, je n'avais pas évalué combien l'entraide était le fondement cette communauté.

J'ai déjà créé un compte sur Bluesky sur lequel mes enfants ont atterri après le rachat de Twitter par Elon Musk, mais je ne trouve pas ça si différent de Meta et surtout c'est sans aucune garantie que ça ne va pas mal tourner. Je n'ai pas envie de m'y installer, j'y passerai juste pour voir ma famille (dont la moitié est constituée de lapins).

Mastodon me semblait beaucoup plus conforme à mes attentes, alors j'y ai ouvert un compte. J'ai appris depuis qu'il y avait aussi Pixelfed (équivalent Instagram) et Diaspora (équivalent Facebook).

J'ai entendu pas mal d'idées reçues sur Mastodon depuis que j'en parle autour de moi, alors je vais tenter d'en démolir quelques unes :

Non, c'est pas "HYPER compliqué"

C'est différent, c'est tout. Je ne suis pas plus délurée que ça avec les outils numériques, mais j'ai réussi très vite à créer un compte sur Mastodon. Avec un peu d'enthousiasme, de persévérance et avec l'aide de quelques autochtones de ce réseau (libre, je le répète), j'ai rapidement compris l'essentiel du fonctionnement.  Après 2 semaines, même si encore beaucoup de nuances m'échappent, je m'y sens à l'aise. L'accueil est chaleureux, les propos respectueux. Pas d'algorithme, si on suit un compte, on voit ses publications, tout arrive par ordre chronologique, il est plutôt facile de s'y retrouver.

Et il y a ce Livret en guise de mode d'emploi (si je l'avais lu avant d'ouvrir mon compte, ça m'aurait bien aidée)

Non, il n y a pas "PERSONNE"

J'entends aussi "sur Mastodon, il n'y a personne" euh, personne ? c'est relatif, Médiapart vient de fêter son ou sa 80000eme abonné.e, ça me semble suffisamment de personnes pour socialiser un peu, non ? (Si quelqu'un· peut m'indiquer le nombre d'utilisateurices, j'ajouterai l'info)

En tout cas, moi j'y ai retrouvé tous mes médias favoris, quelques artistes, quelques ami·es et il en arrive chaque jour. C'est exaltant !

Il y a là, pour moi, déjà beaucoup trop de sollicitations pour que je puisse trouver le temps de lire ou regarder tout ce qui pourrait me plaire ou m'intéresser. C'est un peu comme mon tas de bouquins, la vie sera trop courte pour lire tous ceux que j'aimerais lire, c'est pas facile mais il faut se faire une raison et accepter de passer à côté de choses magnifiques...

Il est sûr que je n'y retrouverai pas les informations de voisinage. Toute la communication associative et municipale passe par Facebook maintenant. Je ne sais pas s'il existe encore un moyen de trouver ailleurs les infos qui y sont diffusées. Si ce n'est pas le cas, tant pis.  Je louperai des trucs mais ça m'ôtera aussi bien des motifs de consternation, comme par exemple en assistant à une liesse générale suite à l'annonce par un média local de l'ouverture d'un magasin Action sur notre territoire... Il y a des choses qu'il vaut mieux ignorer.

Le truc, c'est que plus on sera nombreuses et nombreux à rejoindre cet endroit, plus il y aura de monde, c'est logique ça, non ?  Et toi, tout·e seul·e, tu représentes plein de gens pour peu que tu embarques des ami·es... Au bout d'un moment, les ringard·es ce seront celleux qui n'auront pas bougé leur cul, ils et elles se retrouveront seul·es dans cet environnement hostile et iels n'auront pas d'autre choix que de venir nous rejoindre...

Je conserve encore quelques temps mes comptes méta pour diffuser mon invitation à déménager, je n'ai pas encore parlé à tout le monde, ça prend du temps, mais ça fonctionne un peu. Je vais aussi y publier cet article.

Non, ce n'est pas "QUE sérieux"

Il y a du contenu sérieux et du contenu rigolo, poétique, politique, musical, fleuri, joli, tout ce qu'on veut. Il y a ce que les gens veulent bien y mettre, c'est comme partout.

Moi, je découvre tout juste les hashtags (ou les mots-dièses), c'est amusant, un peu comme les mots-clés que j'inscris dans mes fiches biblio, si on regarde la liste, on voit qu'il n'y a pas que du sérieux. Il y a beaucoup (trop) de sujets tentants, je vais faire attention à rester sobre (je n'ai pas de temps à tuer avec ma zéro minute de temps de trajet domicile/travail). J'ai failli m'abonner à un hashtag de photos de chats, parce que c'est mignon les chats, mais ce n'était pas nécessaire, des chats il y en a partout ici... J'ai été tentée par des hashtags de lichen, d'écorces et de mousse, les photos sont superbes mais j'habite à deux pas de des bois, ce serait un comble que je manque de temps pour aller en forêt parce que j'ai passé trop de temps à regarder des arbres sur mon ordi...  Je m'abonne aux  oiseaux tout de même...

Et dernier argument, de taille, ici un post s'appelle un pouët, c'est chouette et ça fait pas "trop sérieux", ça !

Mais OUI, c'est dur de quitter un réseau social où tout a été fait pour que l'on soit accro (regardez la Série dopamine d'Arte pour vous en convaincre).

C'est devenu un environnement familier où chacun·e a ses petites routines, où, mine de rien, on s'est construit un petit univers qu'il peut être douloureux de "démolir."

J'ai croisé sur Mastodon, le blogue de Vincent Breton où il fait part de ses réflexions sur ce sujet. Vous pouvez lire ses articles , ou

J'ai bien aimé aussi ce texte d'Olivier Etrzcheid X et son exode. Comment quitter une forêt lorsque l’on est un arbre. (ça fonctionne aussi pour Meta). Il peut vous aider à accepter de vous déraciner pour aller vous planter dans une forêt accueillante, respectueuse et sans accointance avec le fascisme.

Pour les gens du coin, tu vois, c'est un petit peu comme quitter la forêt cultivée des Landes pour aller planter tes racines dans une forêt naturelle où il n'y a pas un sylviculteur qui risque de faire une coupe rase et où il y un poil moins de risque incendie.

Et si vous doutez encore, vous pouvez lire cet article de Ploum Ne venez pas dire que vous n’étiez pas prévenus…

Je vous ai donné envie ?

(J'espère parce que j'ai passé tout mon samedi matin à écrire ce billet)

Si oui, il y a juste à lire ce Livret et à cliquer là dessous pour ouvrir un compte

https://joinmastodon.org/fr

Après bienvenue dans la découverte des lieux

Quand tu arrives, tu remplis ton profil et ensuite si tu veux, tu peux rédiger un petit mot pour te présenter (attention, le nombre de signes est limité) assorti des hashtags #présentation #présentationfr  #introduction #introductionfr pour que ton arrivée soit remarquée et que les autochtones puissent te souhaiter la bienvenue. Tu retrouves forcément quelques et ami·es et connaissances... Et hop, c'est parti, déjà tu socialises !

Si tu rencontres un problème ou s'il y a quelque chose que tu ne comprends pas, tu rédiges un pouët avec le hashtag #MastoHelp ou tu me demandes, si je sais, je te dirai...

Ensuite, il ne faudra pas oublier de cliquer sur  "fermer définitivement mon compte" sur ton vieux réseau social ;-)

 

Cette balance décisionnelle empruntée à Elsa Tavernier(@skaperla

Allez, salutations à toustes

et la bise aux ami·es !

https://mastodon.social/@spohie

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